La confiance en soi passe par la peau

Rédigé le 13/02/2023
Pierre-Yves Marchand


LA CONFIANCE COMMENCE PAR LA PROPRIOCEPTION

« Avoir de bonnes sensations »
« Bien dans sa peau, bien dans sa tête »
« Faire peau neuve »
Les sportifs de haut-niveau ont souvent corrélé leurs succès et/ou leurs échecs avec ce qu’ils décrivent
comme « leurs sensations ». Bon ou mauvais, cet aspect de la performance est fréquemment mis sur le compte
de la préparation, mais également sur des prédispositions innées.

On peut définir l’origine de ce talent dans des facteurs à la fois neurophysiologiques et neuro-anatomiques. Pour ne pas avancer caché, j’avance l’hypothèse suivante : la confiance est liée à la

proprioception, et donc au système myofascial.
Je prends pour exemple, si vous avez déjà eu l’occasion, ou si vous vous rappelez, de vos débuts sur des
skis. Une fois chaussé, tout de suite, vient un réflexe de survie et de ne pas glisser, tomber, se faire mal. À
mesure que l’on pratique, les repères viennent et alors, on peut prendre plus de vitesse. Si la confiance est
bien évidemment, une affaire cognitive, j’ai pour conception qu’elle ne peut être permise que par des
autorisations neurologiques, qui pourraient être regroupées dans une forme de travail que l’on appelle la
proprioception.
Même si elle n’est pas conventionnelle, j’aime la définition suivante : la proprioception est l’intelligence
spatio-temporelle du corps.
(RAPPEL) Il existe différents types de capteurs, ils diffèrent selon l’endroit où ils se trouvent dans le
corps et leurs stimulations varient selon le mouvement et/ou la contrainte :
· Les récepteurs de Pacini
o Informent sur la pression et les vibrations (entre 100 et 300 Hz), et sont situés dans les aponévroses, à
proximité des tendons, dans quelques organes et viscères et sont principalement extero-récepteurs.
· Les récepteurs de Ruffini
o Ce sont des mécano-récepteurs situés aux niveaux des articulations. Ils améliorent la proprioception et
inhibent l’activation sympathique.
· Les cellules de Merkel
o. Elles informent sur les signaux relatifs au toucher.
· Les corpuscules de Meissner
o. Ils détectent les contacts légers, très présents dans les extrémités du corps (doigts, pieds, lèvres, organes
sexuels).
· Les organes tendineux de Golgi
o Situés dans les tendons, ils régulent le tonus musculaire et organisent la densité des tendons
· Les récepteurs interstitiels :
o Fine couche de tissus situés partout dans le corps, pour former une enveloppe aux différents organes,
muscles, etc. Ils sont multimodaux (douleurs, températures).
· Les fuseaux neuromusculaires
o Situés dans les muscles, ils régulent le tonus musculaire idéal engagé lors des mouvements (cf. regarder
la fluidité des haltérophiles d’élite comparés aux pratiquants amateurs)

À cela s’ajoutent les éléments fondateurs du système tonique postural :
· Œil
· Pied
· Mâchoire
· Oreille interne

On pourrait rajouter dans cette catégorie les cicatrices, le micro-galvanisme et les perturbations
bioélectriques (je vous invite renseigner directement sur les travaux portant sur la posturologie pour plus

d’information sur le sujet).

En résumé, le corps humain dispose de plus de 100 millions de capteurs sensoriels à travers le corps (Cf
Grunwald M 2017, Univ. Leipzig) .
Plus nous optimisons nos capteurs, et plus nous prenons conscience du moindre cm 2 de peau qui nous
constitue, ainsi que du monde qui nous entoure :
· Les distances
· Les reliefs
· Les adhérences
· Les timings
Ces capteurs vont guider nos orientations et l’intensité de nos contractions. Ce phénomène est
inconscient, automatisé (on parle de voie extra-pyramidale) et cela va se transformer par une performance
gestuelle.

Ce processus est donc géré au niveau sous cortical, une sorte de 1er étage du cerveau et c’est la raison du
titre de cet article.
La confiance en soi, les émotions, la mémoire, la prise de décision, l’impulsivité, ou la prise de risque
sont gérées entre le cortex pré-frontal et le niveau limbique soit entre le deuxième et troisème étage du
système nerveux central.
Les informations des capteurs décrits plus haut, sont traitées au niveau du tronc cérébral, soit un étage en
dessous de ces aptitudes cognitives.

Tel un dossier transmis de manière administrative, le premier étage valide ou non une information, puis
remonte au deuxième étage qui va créer un sentiment positif ou négatif, mais adapté à la situation et son
contexte. Ce processus est constant, inarrêtable, évolutif.
Cette simplification, a pour but de créer un concept favorable à la performance : On produit de la
confiance dans le geste ou bien on diminue la confiance dans le geste.
Aussi évolutifs que nos informations, nos microbes, nos processus physiologiques, la confiance est un
construit hypothétique qui s’entraîne, s’améliore (et donc se détériore) et s’entretient.

Une bonne collaboration interne à un projet sportif :
Athlète, entraîneur principal, préparation physique, préparation mentale et également la sphère familiale
et managérial doivent donc agir en osmose pour garantir un succès sportif.

Cet article a pour but de resserrer et démontrer les liens qui existent, entre ces différentes dimensions de la
préparation dans le sport haut-niveau.
Merci de m’avoir lu.

Bibliographie :
· Grunwald M 2017, Univ. Leipzig